““Vous ne pourriez plus violemment troubler votre évolution qu’en dirigeant votre regard au-dehors, qu’en attendant du dehors des réponses que seul votre sentiment le plus intime, à l’heure la plus silencieuse, saura peut-être vous donner.” Rilke, Lettres à un jeune poète”
Pub et chats. It’s wooorking this time.
Que feriez-vous si l'argent ne rentrait plus en ligne de compte ?
“[…] je n’avais pas réussi à affronter et à accepter les limitations de mon moi et celles de la vie. En littérature, ce refus s’appelle romantisme ; en psychologie, névrose.”
“[…] et il se dit tout à coup que tous les gens qu’il côtoyait dans cette ville n’étaient en réalité que des lignes absorbées dans une feuille de papier buvard, des êtres aux attitudes interchangeables, des créatures sans substance solide; mais ce qui était pire, ce qui était bien pire (se dit-il ensuite), c’est qu’il n’était lui-même que l’ombre de tous ces personnages-ombres, car il épuisait toutes les ressources de son intelligence dans le seul dessein de s’adapter à eux et de les imiter, et il avait beau les imiter avec un rire intérieur, sans les prendre au sérieux, il avait beau s’efforcer par là de les ridiculiser en secret (et de justifier ainsi son effort d’adaptation) cela ne changeait rien, car une imitation, même malveillante, est encore une imitation, même une ombre qui ricane est encore une ombre, une chose seconde, dérivée, misérable.”
“A cet instant le garçon arriva, portant notre plat de canard. Le fumet était délicieux et il nous fit oublier complètement les propos que nous venions de tenir.
Ce n’est qu’au bout d’un moment qu’Avenarius rompit le silence : « Qu’es-tu en train d’écrire, au juste ?
– Ce n’est pas racontable.
– Dommage.
– Pourquoi dommage ? C’est une chance. De nos jours, on se jette sur tout ce qui a pu être écrit pour le transformer en film, en dramatique de télévision ou en bande dessinée. Puisque l’essentiel, dans un roman, est ce qu’on ne peut dire que par un roman, dans toute adaptation ne reste que l’inessentiel. Quiconque est assez fou pour écrire encore des romans aujourd’hui doit, s’il veut assurer leur protection, les écrire de telle manière qu’on ne puisse pas les adapter, autrement dit qu’on ne puisse pas les raconter. »
Il n’était pas de cette avis : « Je peux te raconter avec le plus grand plaisir Les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, quand tu veux, et de bout en bout.
– Je suis comme toi, j’aime Alexandre Dumas, dis-je. Pourtant, je regrette que presque tous les romans écrits à ce jour soient trop obéissants à la règle de l’unité d’action. Je veux dire qu’ils sont tous fondés sur un seul enchaînement causal d’actions et d’événements. Ces romans ressemblent à une rue étroite, le long de laquelle on pourchasse les personnages à coup de fouet. La tension dramatique, c’est la véritable malédiction du roman parce qu’elle transforme tout, même les plus belles pages, mêmes les scènes et les observations les plus surprenantes, en une simple étape menant au dénouement final, où se concentre le sens de tout ce qui précède. Dévoré par le feu de sa propre tension, le roman se consume comme une botte de paille.
– A t’écouter, dit timidement le professeur Avenarius, je crains que ton roman ne soit ennuyeux.
– Faut-il, alors, trouver ennuyeux tout ce qui n’est pas course frénétique vers le dénouement final ? En dégustant cette exquise cuisse de canard, est-ce que tu t’ennuies ? Te hâtes-tu vers le but ? Au contraire, tu veux que le canard entre en toi le plus lentement possible et que sa saveur s’éternise. Le roman ne doit pas ressembler à une course cycliste, mais à un banquet où l’on place quantité de plats. J’attends impatiemment la sixième partie. Un nouveau personnage va surgir dans mon roman. Et à la fin de cette sixième partie, il partira comme il était venu, sans laisser de trace. Il n’est cause de rien et ne produit aucun effet. C’est justement ce qui me plaît.”
“Nous traversons le présent les yeux bandés. Tout au plus pouvons-nous pressentir et deviner ce que nous sommes en train de vivre. Plus tard seulement, quand est dénoué le bandeau et que nous examinons le passé, nous nous rendons compte de ce que nous avons vécu et nous en comprenons le sens.”
“J’ai vécu trois années dans le Sahara. J’ai rêvé, moi aussi, après tant d’autres, sur sa magie. Quiconque a connu la vie saharienne, où tout, en apparence, n’est que solitude et dénuement, pleure cependant ces années-là comme les plus belles qu’il ait vécues. Les mots « nostalgie du sable, nostalgie de la solitude, nostalgie de l’espace » ne sont que formules littéraires, et n’expliquent rien. Or voici que, pour la première fois, à bord d’un paquebot grouillant de passagers entassés les uns sur les autres, il me semblait comprendre le désert.
Certes, le Sahara n’offre, à perte de vue, qu’un sable uniforme, ou plus exactement, car les dunes y sont rares, une grève caillouteuse. On y baigne en permanence dans les conditions
mêmes de l’ennui. Et cependant d’invisibles divinités lui bâtissent un réseau de directions, de pentes et de signes, une musculature secrète et vivante. Il n’est plus d’uniformité. Tout s’oriente. Un silence même n’y ressemble pas à l’autre silence. Il est un silence de la paix quand les tribus sont conciliées, quand le soir ramène sa fraîcheur et qu’il semble que l’on fasse
halte, voiles repliées, dans un port tranquille. Il est un silence de midi quand le soleil suspend les pensées et les mouvements. Il est un faux silence, quand le vent du Nord a fléchi et que l’apparition d’insectes, arrachés comme du pollen aux oasis de l’intérieur, annonce la tempête d’Est porteuse de sable. Il est un silence de complot, quand on connaît, d’une tribu lointaine, qu’elle fermente. Il est un silence de mystère, quand se nouent entre les Arabes leurs indéchiffrables conciliabules. Il est un silence tendu quand le messager tarde à revenir. Un silence aigu quand, la nuit, on retient son souffle pour entendre. Un silence mélancolique, si l’on se souvient de qui l’on aime.Tout se polarise. Chaque étoile fixe une direction véritable. Elles sont toutes étoiles des Mages. Elles servent toutes leur propre dieu. Celle-ci désigne la direction d’un puits lointain, dur à
gagner. Et l’étendue qui vous sépare de ce puits pèse comme un rempart. Celle-là désigne la direction d’un puits tari. Et l’étoile elle-même paraît sèche. Et l’étendue qui vous sépare du puits tari n’a point de pente. Telle autre étoile sert de guide vers une oasis inconnue que les nomades vous ont chantée, mais que la dissidence vous interdit. Et le sable qui vous sépare de l’oasis est
pelouse de contes de fées. Telle autre encore désigne la direction d’une ville blanche du Sud, savoureuse, semble-t-il, comme un fruit où planter les dents. Telle, de la mer. Enfin des pôles presque irréels aimantent de très loin ce désert : une maison d’enfance, qui demeure vivante dans le souvenir. Un ami dont on ne sait rien, sinon qu’il est.Ainsi vous sentez-vous tendu et vivifié par le champ des forces qui tirent sur vous ou vous repoussent, vous sollicitent ou vous résistent. Vous voici bien fondé, bien déterminé, bien installé au centre de directions cardinales.
Et comme le désert n’offre aucune richesse tangible, comme il n’est rien à voir ni à entendre dans le désert, on est bien contraint de reconnaître, puisque la vie intérieure loin de s’y endormir s’y fortifie, que l’homme est animé d’abord par des sollicitations invisibles. L’homme est gouverné par l’Esprit. Je vaux, dans le désert, ce que valent mes divinités.
”
“Que l’on soit absent dans la pièce voisine, ou sur l’autre versant de la planète, la différence n’est pas essentielle. La présence de l’ami qui en apparence s’est éloigné, peut se faire plus dense qu’une présence réelle. C’est celle de la prière. Jamais je n’ai mieux aimé ma maison que dans le Sahara. Jamais fiancés n’ont été plus proches de leur fiancée que les marins bretons du XVIe siècle, quand ils doublaient le Cap Horn et vieillissaient contre le mur des vents contraires. Dès le départ ils commençaient déjà de revenir. C’est leur retour qu’ils préparaient de leurs lourdes mains en hissant les voiles.”
“J’avais trouvé un parpaing dans un coin du garage et réussi à le soulever. Je le portais à pas lents sur le sol bétonné et uni du local, à ceci près que dans mon esprit, j’étais revêtu d’un maillot de corps en peau de bête (sans doute une peau de léopard) et portais mon parpaing jusqu’au centre de la piste. La foule, nombreuse, retenait son souffle. Un projecteur d’un blanc bleuté, éclatant, suivait ma stupéfiante progression. Les visages émerveillés disaient tout : Jamais on n’avait vu d’enfant aussi incroyablement fort. “Et il n’a que deux ans !” murmurait quelqu’un incrédule.
Je ne m’étais pas rendu compte que des guêpes avaient construit un petit nid dans la partie inférieure du parpaing. L’une d’elles, sans doute furieuse d’être ainsi délogée, s’en échappa et me piqua à l’oreille. Je ressentis une douleur fulgurante, comme une inspiration empoisonnée. Jamais je n’avais eu aussi mal de toute ma courte vie, mais cette douleur ne garda son caractère exceptionnel que quelques secondes. Lorsque je lâchai le parpaing sur mon pied nu, m’écrasant les cinq orteils, j’oubliai tout à fait la guêpe.”
Beau. Original. Touchant. [La mine de crayon]
What Olympians looked like 100 years ago – photos from the 1912 Stockholm Olympics.
Concentré d'adrénaline. Mustsee. Redbull.
#video Si ça donne pas SUPER envie : 1 an autour du monde en 5min.
Trooop sympa la pub pour John Lewis pour Noel 2011 :o
La campagne de BETC pour les Young Director Awards. Très très bon :D
Tumblr est mort, vive @overblog ;D (vidéo by @pinkanova)
Hitler découvre les ad exchanges. Très bon.
Le logo Twitter se refait une beauté. Pas convaincu perso. cc @mathieudaix
Un livre blanc.. à première vue.