“Et par contre, si je communique à mes hommes l’amour de la marche sur la mer et que chacun d’eux soit ainsi en pente à cause d’un poids dans le cœur, alors tu les verras bientôt se diversifier selon leur mille qualités particulières.
Celui-là tissera des toiles, l’autre dans la forêt par l’éclair de sa hache couchera l’arbre. L’autre encore, forgera des clous, et il en sera quelque part qui observeront les étoiles afin d’apprendre à gouverner. Et tous cependant ne seront qu’un.
Créer le navire ce n’est point tisser les toiles, forger les clous, lire les astres, mais bien donner le goût de la mer qui est un et à la lumière duquel il n’est plus rien qui soit contradictoire mais communauté dans l’amour.
C’est pourquoi toujours je collabore, ouvrant les bras à mes ennemis pour qu’ils m’augmentent, sachant qu’il est une altitude d’où le combat me ressemblerait à l’amour.Créer le navire ce n’est point le prévoir en détail. Car si je bâtis le navire à moi tout seul dans sa diversité, je ne saisirai rien qui vaille la peine. Tout se modifiera en venant au jour et d’autres que moi peuvent s’employer à ces inventions
Je n’ai point à connaître chaque clou du navire.
”
Mais je dois apporter aux hommes la pente vers la mer.
“I wouldn’t be the person I am, I wouldn’t understand what I understand, were it not for certain books … A novel worth reading is an education of the heart. It enlarges your sense of human possibility, of what human nature is, of what happens in the world.” —Susan Sontag, born on this day in 1933. Read her Art of Fiction interview here.
““A force de chercher de bonnes raisons, on en trouve, on les dit ; et après on y tient, non pas tant parce qu’elles sont bonnes que pour ne pas se démentir” - Lettre XXXIII, de la marquise de Merteuil au vicomte”
“Je vois une objection à tout effort pour améliorer la condition humaine : c’est que les hommes en sont peut-être indignes. Mais je l’écarte sans peine : tant que le rêve de Caligula restera irréalisable, et que le genre humain tout entier ne se réduira pas à une seul tête offerte au couteau, nous aurons à le tolérer, à le contenir, à l’utiliser pour nos fins ; notre intérêt bien entendu sera de le servir. Mon procédé se basait sur une série d’observations faites de longue date sur moi-même : toute explication lucide m’a toujours convaincu, toute politesse m’a conquis, tout bonheur m’a presque toujours rendu sage. Et je n’écoutais que d’une oreille les gens bien intentionnés qui disent que le bonheur énerve, que la liberté amollit, que l’humanité corrompt ceux sur lesquels elle s’exerce. Il se peut : mais, dans l’état habituel du monde, c’est refuser de nourrir convenablement un homme émacié de peur que dans quelques années il lui arrive de souffrir de pléthore. Quand on aura allégé le plus possible les servitudes inutiles, évité les malheurs non nécessaires, il restera toujours, pour tenir en haleine les vertus héroïques de l’homme, la longue série des maux véritables, la mort, la vieillesse, les maladies non guérissables, l’amour non partagé, l’amitié rejetée ou trahie, la médiocrité d’une vie moins vaste que nos projets et plus terne que nos songes : tous les malheurs causés par la divine nature des choses.”
“A force de chercher de bonnes raisons, on en trouve, on les dit ; et après on y tient, non pas tant parce qu’elles sont bonnes que pour ne pas se démentir.”
Les Liaisons Dangereuses, Laclos
(Lettre XXXIII, de la marquise de Merteuil au Vicomte Vermont)
“And it is so simple… The one thing is — love thy neighbor as thyself — that is the one thing. That is all, nothing else is needed. You will instantly find how to live.”
“Bon Dieu ! combien était pitoyable cette impuissance d’exprimer ce qu’il ressentait ! Un désir lancinant le poignait, de pouvoir lui décrire des visions qui flamboyaient dans son cerveau. Ah ! maintenant il comprenait ! Il avait la clé du mystère. Voilà ce que réalisaient les grands écrivains, les grands poètes. Voilà pourquoi c’était des Titans ! Ils savaient exprimer leurs pensée, leurs rêves et leurs sentiments. Souvent, endormis au soleil, les chiens gémissent, aboient, mais ils sont incapables de dire ce qui les fait gémir ou aboyer. Voilà ce qu’il était : un chien endormi au soleil.”
“Tenez ! je plonge ma figure dans l’herbe et l’odeur qu’aspirent mes narines évoque en moi mille pensées, mille rêves. C’est l’haleine de l’univers que j’ai respirée ; c’est sa chanson et son rire, sa douleur, ses larmes, ses luttes et sa mort. J’aimerais vous dire, à vous, à l’humanité entière, les visions évoquées en moi par cette odeur d’herbe…”
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Pour tous ceux qui aiment les mots, pour (re)découvrir les plumes qui ont marqué les générations, je conseille les podcasts de l'émission de Guillaume Gallienne. Littérature, monologues, pièces de théâtre. Que du bon, et bien lu.